Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les Amis de Jean Ferrat Un cri

Alain Goraguer l'arrangeur de Jean Ferrat vient de nous quitter

Rédigé par Le webmaster de service F.Q

Alain Goraguer l'arrangeur de Jean Ferrat vient de nous quitter

Il fut l’un des arrangeurs majeurs de la chanson française, de Boris Vian à Jean Ferrat, en passant par Serge Gainsbourg, mais aussi un compositeur de musiques de films prolifique. Alain Goraguer s’est éteint à l’âge de 91 ans.

Il est des noms qui agissent comme des sésames. Celui d’Alain Goraguer ne pouvait retentir sans évoquer la pop française des années 1960. Orchestrateur pour Boris VianSerge Gainsbourg et Jean Ferrat, il fut également un compositeur fécond de bandes originales. Il vient de s’éteindre à l’âge de 91 ans.

 Né en 1931 à Rosny-sous-Bois, Alain Goraguer évita dès ses premiers pas les grandes artères pour privilégier les chemins de traverse. Pianiste, il se forme auprès du jazzman Jack Diéval et en écoutant Oscar Peterson. En 1955, il rencontre Boris Vian et écrit avec lui quelques chansons devenues des classiques, telles La Java des bombes atomiques ou Fais-moi mal, Johnny (immortalisée par Magali Noël, « une femme délicieuse », selon Goraguer). Il enregistre un premier album (Go… Go… Goraguer), commence à enchaîner les BO et se lie avec Boby Lapointe (« charmant garçon », dixit Goraguer) et Jean Ferrat, dont il devient l’arrangeur à la vie à la mort. S’établit ainsi, autour de lui, une fraternité de bons vivants, bons camarades.

 

Le grand écart

Ce qui n’empêche pas cet homme discret au cheveu sur la langue prononcé de cultiver aussi l’amitié d’un dandy que l’on dit froid, Serge Gainsbourg, de participer à l’écriture de L’Eau à la bouche et d’orchestrer sa musique, du Poinçonneur des Lilas à Couleur café. Fréquenter Gainsbourg, c’est fréquenter des femmes ; là encore, Goraguer se coule sans mal dans le moule et habille France Gall (Les Sucettes) comme Brigitte Bardot – « très agréable à travailler (sic) ». S’il épouse l’air du temps, l’arrangeur lui imprime sa propre délicatesse, portée à la mélancolie et à la pudeur. Sa palette est si large qu’il peut prêter des accents grecs au Métèque de Moustaki et lancer Régine sur un rag désaccordé (Les P’tits Papiers), faire pleurer les mandolines pour Reggiani (L’Italien) ou composer un péplum de poche pour Adamo (Inch’Allah).

 Durant les années 1970, Goraguer demeure fidèle à Ferrat, Joe Dassin ou Isabelle Aubret comme à ses amis réalisateurs qui, fauchés, s’embarquent dans des odes obscènes. Il se retrouve ainsi à composer pour le porno, alors en pleine extase post-68. « De la musique au mètre », selon lui, mais non bâclée : ses discos s’adaptent parfaitement aux va-et-vient mécaniques de Brigitte Lahaie, Erika Cool ou Richard Allan. Plus marquants seront les thèmes romantiques du Silencieux et inquiet de L’Affaire Dominici ou la symphonie psychédélique composée pour La Planète sauvage, de René Laloux.

 Après les excitantes années 1960 en minijupes et bulles de savon et les excessives années 1970 en violons tristes et porno dur, il ne reste à Goraguer qu’à embrasser les années 1980, mission accomplie avec le générique de Gym Tonic – rappelez-vous, Véronique et Davina, les guêtres en laine, le bandeau-éponge dans les cheveux et puis les douches où l’Audimat grimpait à son pic. Par la suite, Goraguer se fera un peu plus discret. En 2008, il travaillait encore pour Abd Al Malik (Dante), faisant preuve d’un même professionnalisme, d’un goût assuré et d’une habileté inentamée à composer de belles mélodies et de riches orchestrations

Texte de Pierre Platon en hommage à Alain Goraguer

Charles Valenti 

Partager cette page
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :